[Voile] Vendée Globe : le récit d'un héros

par **jfasnl** Ven 26 Déc - 22:30

Moi j'ai envie de dire RESPECT à ces grands sportifs!

Yann Eliès, ses premiers mots

Une semaine après son accident en haute mer, jeudi 18 décembre dernier, le skipper du monocoque Generali Yann Eliès revient avec sa franchise coutumière sur les pires journées de sa (déjà) longue carrière de coureur océanique. Les premiers mots du skipper enregistrés au téléphone ce vendredi 26 décembre ... © Gilles Martin-Raget / Generali

L'accident
le souvenir est douloureux et les circonstances précises du choc qui lui a brisé la jambe restent floues. Yann Eliès : "J'avais 25 à 30 noeuds de vent, sur une mer résiduelle, encore assez creuse... je souhaitais attaquer et il me fallait envoyer le gennaker. Mais j'avais un petit soucis de bout sur le bout dehors et il me fallait régler ce problème avant d'envoyer le gennaker. Je me suis donc décidé à aller en bout de tangon, attaché avec mon harnais. Les conditions me paraissaient maniables, mais j'ai dû mal les juger car alors que j'étais en bout d'étrave, le bateau est parti en survitesse. Je n'ai pas eu le temps de me dégager de ma position et le bateau a planté violemment dans une vague à 20 noeuds de vitesse. J'ai été éjecté, et à l'impact, ma jambe a cédé. A partir de là, j'ai un trou noir. Je crois que je suis resté agrippé au balcon par la main gauche. Le harnais a plié sous le choc... dans ces cas là, on trouve des ressources insoupçonnées. Dans la douleur, j'ai réussi à repasser le balcon et la filière et à me laisser tomber sur le pont. De là, je me suis traîné jusqu'au cockpit et jusqu'à ma bannette. Je me suis déshabillé pour voir l'état de ma jambe.. et l'attente a commencé."

36 heures de douleur...
Allongé sur sa bannette, Eliès doit déployer des montagnes d'énergie et de concentration pour combattre sa douleur : "Ces 36 et quelques heures immobilisé sur ma bannette ont été terribles. Je me suis concentré très fort pour ne pas bouger et essayer de trouver la bonne posture pour moins souffrir. Chaque mouvement était un supplice. Erwan Steff m'a alors été d'un très grand secours et m'a aidé à vivre ces heures difficiles. L'arrivée de Marc Guillemot, particulièrement quand je l'ai vu de mes yeux par le hublot, m'a considérablement regonflé le moral. J'ai retrouvé un semblant d'énergie et de motivation pour tenter de récupérer des médicaments et de la boisson. Millimètres par millimètres, avec d'infinies précautions, j'ai pu mettre la main sur des médicaments anti douleur, et sur une canette de soda. Informé par Erwan de la progression des sauveteurs Australiens, j'ai retrouvé moral et énergie..."

Délivrance
L'embarquement à bord de la frégate Arunta n'a été qu'une étape pour Yann. Le vrai soulagement n'est véritablement arrivé qu'avec l'entrée à l'hôpital de Perth. Yann : "L'embarquement à bord de la frégate Arunta a été un premier soulagement. Je n'étais plus seul, mais l'équipement de la frégate était sommaire et j'étais toujours en mer, à devoir amortir les mouvements du bateau. Ce n'est qu'une fois à terre, entouré des médecins et en route pour l'hôpital que j'ai senti que le pire était derrière moi. Les radios, les bilans sanguins, les tests divers et variés, et surtout de ne plus être ballotté m'ont énormément rassuré et soulagé. Savoir que j'allais être opéré et que je pourrais remarcher sans séquelles m'a fait un bien énorme. Mais le vrai bonheur a été l'arrivée de mes proches, famille et amis. J'ai enfin pu parler et partager mon épreuve, ma douleur, mes inquiétudes, avec les gens que j'aime..."

Sentiments partagés...
Alité dans sa chambre du Royal Perth Hospital, Eliès passe depuis son opération par de nombreux états d'âme. Gestion de la douleur, présence de la famille, perspectives d'avenir s'entrechoquent en un mélange contradictoire d'émotions : "La présence de ma famille est un bonheur absolu. L'opération s'est parfaitement déroulée et les échanges avec les médecins ont été très rassurants. Je suis formidablement entouré et je me projette naturellement vers l'avenir, et c'est là que des pensées un peu plus sombres m'envahissent parfois, avec les perspectives d'une vie alitée et immobilisée durant de longues semaines. Des heures difficiles m'attendent..."

Chronologie :
- Jeudi 18 décembre, 6 heures du matin : Yann Eliès se blesse grièvement à la jambe gauche en manoeuvrant à l'avant du bateau
- Jeudi 18 décembre, 23 heures : Marc Guillemot sur son monocoque Safran, après s'être détourné, arrive près de Generali
- Samedi 20 décembre, 12 heures : Yann Eliès est récupéré par la frégate Arunta de la Marine Australienne
- Lundi 22 décembre : Yann Eliès entre au Royal Perth Hospital
- Mardi 23 décembre : Yann Eliès est opéré par le chirurgien Australien le docteur Scheryil

source : generali-voile

par **Arsenalboy** Ven 26 Déc - 23:05

Moi aussi je tire mon chapeau à tout ces dingues d'aventures extraordinaires, mais ce n'est pas tout le temps une fin aussi joyeuse qui s'annonce à eux...

Beaucoup quand même y ont laissé la vie, et je ne suis quand même pas persuadé que le jeu en vaille la chandelle...

Et pour ce qui est de la solidarité des marins, il y a quand même un petit bémol, ce n'est malheureusement pas spontanément que Guillemot s'est détourné de sa course pour lui porter secour, c'est quand même la direction de course qui a ordonné aux deux marins les plus proches de se détourner de leurs routes pour lui porter assistance !